Cette rue en pente qui descend de la rue Saffin jusqu’à la rue Gambetta offre toujours la particularité d’avoir une double chaussée : de larges marches en pierres de Thabor à gauche, une calade en galets du Lot à droite. Son nom est tiré du bruit que faisaient les sabots (esclops, en patois) quand on la descendait en courant. Mais pendant longtemps, les Clairacais la nommaient entre eux la rue Pissebach car, lors des fortes pluies orageuses que connaît la vallée en été, l’eau la dévalait comme vache qui pisse…
Aujourd’hui, elle a malheureusement perdu du cachet que lui donnait au début du XXe siècle les maisons qui la bordaient, notamment les maisons dont le dernier étage était agrémenté d’une large galerie de bois, un « soleil ». C’est ce qui avait séduit Guillaume Alaux, peintre d’une fameuse dynastie d’artistes bordelais lorsqu’il en tira cette toile exposée au Salon de 1905 à Paris. Quant à la maison du premier plan à droite, elle fut scandaleusement cimentée dans les années 60. Au premier plan, le bassin cimenté au pied du réverbère un peu penché ( !) recueille toujours les eaux provenant de Font-Grand.
Henri Maurousel fait partie de ces figures atypiques qui donnent leur sel à un village comme Clairac. Sa famille était originaire de Cambes. Fils de Jacques Maurousel et Marguerite Hugon, il avait un frère, Jean-Louis (mort prématurément en 1929), représentant de commerce pour la société Trussant, à Sainte-Livrade ; métier qu’Henri reprit après la mort de Jean-Louis. Henri était peintre en bâtiment, mais il se livrait à la peinture « artistique », en amateur ; d’ailleurs, c’était souvent les cartes postales qui lui servaient de modèle, comme ici pour représenter la rue Esclopière. En 1905, il avait épousé Alice Françoise Duchamps, lisseuse de profession, dont il eut deux enfants : Jean (mort en 1922), et Francine, épouse de l’instituteur Pierre Tuminy. Dans le Sud-Ouest, une lisseuse était une repasseuse.
Sur les deux photographies ci-dessus de Gabriel Martin, éditées en cartes postales, on voit Henri Maurousel, dans son costume blanc de peintre, pinceau à la main, dévisageant le photographe.