Le nom de l’architecte nous est hélas inconnu : l’édifice – de styles composites – domine le Lot, en aval de Clairac ; il est séparé de la route d’Aiguillon par un parc traversé d’une allée. Un siècle plus tard, ses descendants vendirent l’ensemble au département qui y créa un centre pour handicapés. Aujourd’hui, c’est un agréable hôtel qui l’occupe.
Jules de Verneilh nous livre ici un témoignage de Marith en avril 1885, peu de temps après la construction du château. Sa venue à Clairac tient probablement à ses liens avec la famille de Madame de Lartigue, les Girangy de Claye. On ne connaît qu’un seul autre dessin réalisé lors du même déplacement : celui de la propriété de Pécharnaud, entre Clairac et Tonneins. Cet élégant dessin est un exact reflet du bâtiment ; un peu de vie est donnée avec une calèche attelée, un personnage sur le haut du perron, tandis qu’un autre est assis sur un banc, à gauche. Au loin, l’élégante tourelle du pigeonnier qui existe toujours.
Malgré leurs ancêtres protestants – comme la plupart des familles clairacaises – les Lartigue étaient devenus de fervents catholiques, et notamment dans les années 1900 ; d’ailleurs, le château de Marith abritait une chapelle. Chaque année, lors de la Fête-Dieu (en juin), Marith était le siège d’imposantes cérémonies qui réunissaient la « bonne » société locale ; à ces occasions, de fastueuses processions se dirigeaient de Clairac vers Marith, ou d’imposants autels étaient dressés. Madame de Lartigue ne se cachait pas de certaines conversions qu’elle avait arraché de haute lutte, comme celle des demoiselles Madeleine et Henriette de Bellecombe, âgées de 60 ans, baptisées dans la chapelle de Marith le 21 décembre 1912 ! Lors du violent débat autour de la séparation des biens des Églises et de l’État (1905), Henri de Lartigue s’engagea fortement du côté que l’on peut supposer.
Archéologue et artiste du Périgord, Jules de Verneilh (1823-1899) est une personnalité qui a été redécouverte après l’achat du fonds de ses dessins par les Archives départementales de la Dordogne en 1995. Cet ensemble, à l’image du travail d’un Léo Drouyn, est un témoignage exceptionnel sur le patrimoine aquitain du XIXe siècle.