La terre de Clairac

Clairac a le double avantage de bénéficier de riches terres d’alluvions grâce au Lot et à ses crues, mais aussi d’un horizon de coteaux bien exposés au sud. Si l’on y ajoute des générations de gens de terre qui surent tirer le meilleur parti de la terre et de l’eau, des graines et des greffes, des bêtes à plumes ou à poils...

La légende (ou la sagesse populaire…) attribue à Clairac les premières greffes sur des pruniers pour faire naître la prune d’ente, ou la première exploitation systématique du tabac, il nous faut bien reconnaître que tout (ou presque !) peut pousser dans la vallée ou sur les hauteurs.

Dans un document daté de 1817, un Clairacais qui « avait du bien » fit un état de ses revenus agricoles, sentant ses derniers jours venir. Ancien conseiller à la cour des Aydes de Bordeaux, Jacques-Antoine de Lartigue habitait Dimeuilh, dans une propriété qui existe toujours. L’énumération nous fait vite comprendre à quel point la polyculture était caractéristique de ce pays de confluence.

Première source de revenu, ses vins blancs et rouges, mais aussi les tonneaux de « piquette » ; mais encore fraises, cerises, abricots, prunes (fraîches et cuites), poires, pommes, figues, raisins, noix, amandes, noisettes, olives, câpres, artichauts, carottes, fèves, pois, mougettes, légumes, choux, oignons, herbes, patates, citrouilles, glands, rave, ail, froment, blé d’Espagne, foin, fourrage, chanvre, cochons, volailles, œufs, bétail… sans oublier le crottin (des pigeonniers !), et les fagots, sarments, lates et vimes. Il n’y a guère que le tabac qui soit absent de sa liste.

Tout cela, et beaucoup plus encore, l’amateur le retrouvera dans le livre exceptionnel de Pierre Desfontaines paru en 1932 : Les Hommes et leurs travaux dans les pays de la Moyenne Garonne. Cette véritable bible illustrée, rééditée à plusieurs reprises par la librairie Quesseveur à Agen est la lecture indispensable de qui voudra connaître les ressources de Clairac et des environs.

Et bientôt, nos adhérents pourront également lire diverses fiches synthétiques sur ce qui fit ou fait encore la notoriété de Clairac : le tabac (le tabac de Clérac était l’un des plus réputés au XVIIIe siècle), la vigne, la prune, la fraise et bien d’autres délices encore. Et si la vigne a disparu, emportée par le phylloxera, quelques anciens se souviennent peut-être du nectar des dernières bouteilles de « vin pourri » ; il en fut débouché quelques-unes en 1963 pour le centenaire d’une Clairacaise, dans son château de Marith…